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COVID-19 en 9 questions simples

Article rédigé par le Dr Owens 5 Mars 2020 

Mis à jour le 1er avril 2020 

Comprendre le COVID-19 en 9 questions simples.

Le COVID-19 représente-il une sérieuse menace de santé au niveau mondial ?

OUI 

Toute nouvelle maladie constitue potentiellement une menace sérieuse. Cependant, à la lumière de ce que nous continuons à découvrir sur cette maladie, elle semble moins sévère que l’on ne le pensait. Elle touche surtout les personnes âgées présentant déjà d’autres maladies, mais si elle se propage à grande échelle, elle peut cependant affecter durement les systèmes de santé. Le nombre total de morts dépendra de la taille de l’épidémie et de l’étendue de sa propagation. Retarder sa progression nous donne du temps pour développer des tests et des traitements, mais aussi pour minimiser le cout à long terme sur la population. L’article ci-joint explique le rationnel derrière les mesures de santé publique. Le confinement précoce et sans précédent réalisé en Chine a permis de réduire significativement la taille de l’épidémie. Nous avons la chance de vivre dans une ville qui dispose d’un excellent système de santé et d’une expertise dans la gestion des maladies infectieuses. 

 

Est-il normal que les chiffres concernant la mortalité ne cessent de changer ?

OUI 

Le taux de mortalité est calculé en divisant le nombre de morts par le nombre de personnes infectées. Or, en début d’épidémie, nous ne disposons pas de tests permettant de diagnostiquer facilement la maladie, aussi, nous avons tendance à ne tester que les personnes les plus malades, qui sont, en général, celles qui se rendent à l’hôpital. Dénombrer le nombre de décès à l’hôpital (donnée objective) est toujours plus facile qu’évaluer le nombre de cas plus bénins dans la communauté (donnée estimée), aussi le taux de mortalité calculé à l’hôpital en début d’épidémie a souvent tendance à surestimer le taux de mortalité final. 

Imaginez une nouvelle maladie pour laquelle 100 personnes se rendent à l’hôpital et dont 10 d’entre elles meurent ; cela donne un taux de mortalité de 10%. Imaginez maintenant que l’on dispose d’un test montrant que seul 1 patient sur 100 développant la maladie dans la communauté, devient suffisamment malade pour se rendre à l’hôpital, les 99 autres restant au lit chez eux ou continuant même à travailler avec un mal de gorge ou une toux modérée. Dans ce cas, il y a alors 10 000 personnes malades, dont 100 se rendent à l’hôpital et 10 meurent. Le taux de mortalité réel de la maladie est alors de 0.1%. C’est le taux de mortalité de la grippe. Vous trouverez, en cliquant ici, des informations plus détaillées à ce sujet. Cela explique également pourquoi, plus le nombre de cas bénins de COVID-19 sera important, moins la maladie se révèlera grave au cas par cas.

  

Les mesures de santé publique prises ont-elles été trop lentes ou excessives ?

NON 

Il nous sera honnêtement impossible de critiquer ou de tirer les leçons de cette épidémie tant que nous ne disposerons pas de toutes les données. Cette épidémie a été à l’origine d’une extraordinaire  collaboration, sans précédent, dans la lutte contre une nouvelle maladie dont, par définition, nous ne savions rien en décembre 2019.  

 

L’épidémie est-elle plus importante que la maladie n’est grave ?

OUI 

  1. Les informations au sujet de la maladie permettent de répondre à la question « que se passera-t-il si moi-même ou un membre de ma famille attrapons cette maladie ? Est-ce grave ? Vais-je mourir ? » La plupart des questions ainsi que la majorité des médias se concentrent sur ces informations. 
  2. Les informations au sujet de l’épidémie précisent comment la maladie circule et se comporte dans différentes situations. Elles nous permettent de savoir quel est le risque de tomber malade et comment ce risque évolue.  
  1.  

Les informations concernant ces 2 sujets sont, bien sûr, toutes, importantes, mais celles concernant la maladie se concentrent sur les mauvaises choses qui pourraient arriver. Ces questions sont du même ordre que “que se passera-t-il si la foudre me tombe dessus ?” ; la réponse est, évidemment, que vous pourriez mourir. Mais pour évaluer le risque que cela se produise et opérer un changement de comportement, il faut comprendre comment ce risque évolue. Ressentez-vous la même inquiétude face au risque d’être foudroyé en jouant au golf lors d’un jour d’orage, qu’assis à votre bureau lors d’un jour ensoleillé ? Le cerveau humain a tendance à confondre la gravité d’un événement avec le risque que cet événement ne survienne. J’ai eu l’occasion d’expliquer les implications de ce problème, en termes d’épidémie, dans un précédent article.

La mortalité de cette maladie sera probablement inférieure à 1%. Cependant, la question la plus importante est « quel est le risque pour chacun d’attraper cette maladie ? » Nous avons eu, à ce jour, 715 cas et 4 morts à Hong Kong sur une population de 7.4 millions d’habitants ; à titre de comparaison, il y a eu 350 000 cas de grippe et 357 décès l’hiver dernier. L’épidémie en Chine semble sous contrôle. Cela pourrait évoluer et le très faible risque actuel pourrait augmenter. Comprendre l’évolution de ce risque nécessite de comprendre l’épidémie. Je continue à mettre à jour les données au sujet de l’épidémie ainsi que les courbes épidémiques ici. 

Il faut garder à l’esprit qu’il existe une différence entre prendre une situation au sérieux, et affirmer qu’il existe un risque sérieux pour chacun. Cette maladie peut être vraiment grave dans certains cas ; elle sera cependant bénigne pour la plupart des gens. Les mesures de santé publique ont pour objectif de protéger les personnes les plus vulnérables de notre société (les personnes âgées, les personnes souffrant déjà d’autres maladies, ainsi que les plus démunis) et d’éviter que nos hôpitaux et notre système de santé tout entier soit débordé.

Une étude plus détaillée expliquant la différence entre une maladie et une épidémie est disponible ici

Fait-on réellement face à une épidémie d’anxiété ?

OUI 

L’épidémie d’anxiété est bien plus pernicieuse, contagieuse et dangereuse que la maladie elle-même. Les processus cognitifs négatifs et le catastrophisme mènent à de mauvaises décisions. Les marchés financiers sont connus pour être guidés par l’avidité et la peur. C’est un exemple extrême de décisions prises de façon irrationnelle mais prévisible, lorsque l’on connait le processus psychologique de prises de décisions par l’être humain.

Il semble inévitable que les conséquences économiques liées au COVID-19 éclipseront le taux de mortalité lui-même, quel qu’il soit au final. En effet, la pauvreté est le déterminant majeur de la santé au niveau international (1), et la croissance économique est le facteur majeur permettant de réduire la pauvreté (2)

Aussi, devons-nous retourner au travail ?

OUI 

J’ai détaillé, dans un article précédent, le rapport bénéfice/risque des mesures de santé publique. Toujours dans le cadre des restrictions de confinement, la Chine est maintenant en bonne voie pour un retour à la normale de son activité. Le temps de doublement de cette épidémie est de 7 jours, ce qui signifie que chaque semaine nous apporte 2 fois plus de données que la semaine précédente. Hong Kong dispose d’excellents systèmes d’endiguement, de contrôle et d’atténuation, mais, si nous ne voulons pas voir les dommages économiques affecter les plus pauvres d’entre nous, nous devons faire repartir l’économie. 

La décision de déclarer la pandémie change-t-elle quelque chose ?

NON 

Si la maladie se répand à tres grande échelle, alors elle est alors déclarée pandémie. Cela signifie simplement  qu’il existe des foyers d’infection dans de nombreuses parties du monde. La grippe porcine (H1N1) a été déclarée pandémie en 2009. La controverse au sujet de la déclaration ou non de pandémie est semblable à la décision initiale de déclarer le COVID-19 menace de santé publique de portée internationaleDes facteurs politiques entreront en jeu ; ils évalueront le bénéfice de la remise à disposition du capital humain et financier face à l’augmentation de l’anxiété, de la confusion et des potentielles mauvaises décisions qui pourraient résulter de cette dénomination qui porte une connotation négative bien plus grave que ce qu’elle ne représente en réalité.

Combien de personnes mourront du COVID-19 ? 

Il est impossible de le savoir. 

L’incertitude et le manque de contrôle sont les facteurs majeurs du stress et de l’anxiété. Le cerveau humain est prévu pour être incommodé par les incertitudes. La meilleure réponse est une évaluation rationnelle des croyances prédominantes, en établissant si possible, un point de référence pour comparer le risque.  

L’évolution de cette épidémie peut prendre différentes formes parmi un éventail de scenarios. Pour simplifier, la gamme de scenarios possible est la suivante:  

  1. Le meilleur des scenarios: le taux de mortalité est finalement bas (<1%) ; le nombre de cas d’infection ainsi que le nombre de morts restent faible en comparaison d’autres maladies telles que la grippe ; la maladie disparait au printemps (comme le SRAS) ou un peu plus tard, et ne revient jamais.  
  2. Scenario intermédiaire: par définition, ce scenario montre un plus grand nombre de cas d’infection et de morts, dus, soit à une aggravation de la maladie soit à une augmentation de la taille de l’épidémie et de la propagation géographique (épidémie vs pandémie) ; ce scenario pourrait également correspondre à une maladie qui devient endémique ou bien qui s’éteint momentanément mais revient plus tard. C’est le scenario qui répondrait le plus efficacement à une campagne de vaccination. 
  3. Le pire des scenarios: une mutation induit une maladie plus grave et/ou plus contagieuse. Cependant, l’histoire naturelle des coronavirus et d’autres maladies virales, montre que la mutation du virus a plutôt tendance à réduire la gravité de la maladie avec le temps. 

Une fois que l’on accepte les inévitables incertitudes liées à cette épidémie en cours d’évolution, les données suggèrent que l’issue de celle-ci sera vraisemblablement plus proche du scenario 1 que du scenario 3. A terme, cette question dépendra de l’efficacité des stratégies d’endiguement et de l’évolution de l’épidémie. 

Chacun peut réduire le risque de tomber malade en se concentrant sur sa santé et son bien-être. Nous avons fourni des informations à ce sujet ici

 

Y a-t-il de bonnes nouvelles ?

OUI 

Il est important d’évaluer, de façon rationnelle, le rapport couts/avantages des interventions publiques ainsi que les leçons que nous pouvons tirer des expériences épidémiques actuelles et passées. Les méthodes de confinement ont été extraordinaires, et des équipes internationales travaillent actuellement au développement de tests, de vaccins et d’essais cliniques pour déterminer quel pourrait être le meilleur traitement.

Finalement, l’analyse peut paraitre paradoxale. Depuis le 1er octobre 2019, on dénombre aux Etats-Unis, 24 000 à 62 000 morts de la grippe ; cela équivaut à 120 à 300 morts par jour. Le virus de la grippe a, cette année, été plus grave que d’habitude aux Etats-Unis, au Canada et en Europe. Si l’on se base sur une incidence similaire, il y aurait 500 à 1 200 morts de la grippe par jour en Chine. La mortalité du COVID-19 équivaut donc à 3 à 7 jours de mortalité grippale en Chine. A Hong Kong, cette année, le CHP a déclaré la fin de l’épidémie de grippe après seulement 5 semaines (3); à titre de comparaison, l’année dernière, l’épidémie de grippe a duré 14 semaines et provoqué la mort de 357 personnes dont un enfant. (4

Les mesures de santé publique mise en place, dont la vaccination, explique probablement le raccourcissement de l’épidémie de grippe observé cette année. Ce raccourcissement de 9 semaines permettra certainement de réduire la mortalité de la grippe. Les modèles mathématiques d’incidence et de mortalité de la grippe ne sont pas linéaires puisque l’incidence augmente jusqu’à un pic. Partant du principe que la longueur de l’épidémie de grippe a été réduite de 64%  et donc que la mortalité a été réduite de 20%, alors cela ferait 71 morts de moins à Hong Kong, comparativement aux 4 morts du COVID-19. Si nous appliquons ce même raisonnement à la Chine, qui a également fait part d’une réduction du nombre de cas de grippe depuis la 2ème semaine de janvier, le nombre de morts diminuerait de 12 500, comparé aux 3 000 décès liés COVID-19. 

Je n’essaie pas de minimiser l’importance de cette maladie en cours d’évolution. Comme discuté précédemment, en référence au port du masque, les interventions publiques  peuvent  avoir des conséquences positives et négatives imprévisibles. On ne pourra évaluer l’impact des épidémies de COVID-19 et de grippe que rétrospectivement, mais il est possible que l’évolution du COVID-19 aboutisse à une réduction de la mortalité en Chine et à Hong Kong en 2020, grâce au bénéfice net des mesures de santé publique sur l’épidémie de grippe. 

 

Pour connaitre les dernières nouvelles du COVID-19, cliquer ici

Toutes nos informations de santé publique concernant le COVID-19 sont disponibles en chinois ici

 

Références 

  1. Poverty and social determinants. (2020, March 5). Retrieved March 5, 2020, from http://www.euro.who.int/en/health-topics/environment-and-health/urban-health/activities/poverty-and-social-determinants

  2. Department for International Development. (n.d.). BUILDING JOBS AND PROSPERITY IN DEVELOPING COUNTRIES. Retrieved March 5, 2020, from https://www.oecd.org/derec/unitedkingdom/40700982.pdf

  3. Centre for Health Protection. (2020, February 13). End of 2019/20 Winter Influenza Season and Updated Situation of COVID-19. Retrieved March 5, 2020, from https://www.chp.gov.hk/files/pdf/letters_to_doctors_20200213.pdf

  4. End of winter influenza season 2019. (n.d.). Retrieved March 5, 2020, from https://www.info.gov.hk/gia/general/201904/10/P2019041000667.htm

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